Le titre m'a interpellée puis j'ai regardé au dos pour savoir de quoi il s'agissait ..

J'ai appris des choses en lisant le vécu des femmes à la rue .. j'ai découvert les témoignages poignants de Catherine Julie Sophie Anna Elina .. 

Mon regard n'est pas celui du voyeurisme, je suis très consciente de ces souffrances de ces laisser pour compte .. je leur dis bonjour, je n'ose aller vers elles et leur demander si elles ont besoin de quelque chose ou leur apporter de quoi manger ou un vêtement mais je ne suis pas indifférente .. 

Dans ce livre, j'ai eu confirmation que : des choses anodines peuvent remonter le moral : un vêtement chaud, une petite crème en échantillon, un chocolat, un regard.  Reste à oser leur proposer un vêtement ou autre chose, ce n'est pas si facile je trouve ..

J'ai appris que :    

En Novembre 2014, sur 17.000 personnes ayant appelé le 115 dans les 37 départements, + 9000 sont restés sans solutions.

Les 17 Bains Douches municipaux de Paris amènent 60% de personnes qui sont sans logement.

Il y a trois ans, une association a crée une salle de bain itinérante qui s'appelle 'la Mobil'douche'. C'est un camping-car qui circule à Paris.

En 1980 fut crée la première consultation en Europe réservée aux sans-domiciles fixes. 

 Un médecin alcoologue Patrick Henry est 'le docteur des clodos'. Il a crée le Recueil Social.

Les problèmes de santé rencontrées par les sans domiciles fixes sont nombreux mais les brûlures sont les plus fréquentes. Elles sont causées par les grilles de ventilation du métro. L'air est sec, il est à 23° qui émane des grilles. La compression du corps contre la grille et la durée d'immobilisation entrainent des escarres dramatiques.

20 à 30% des sans domiciles fixes souffrent de pathologies psychiatriques. 

Le métro protège du froid et de la pluie mais désociabilise et fait perdre les repères parce qu'il y a toujours le même bruit, la même lumière, la même température.

Les sans domiciles fixes n'ont ni argent, ni papier, ni adresse, ni accès à des prises de courant, ni téléphone portable, c'est une denrée rare, et pas de crédit dessus et beaucoup de vols de celui-ci.

Dans les témoignages très émouvants que j'ai découvert, Catherine a 56 ans et d'origine lyonnaise. Elle est à la rue depuis 1 an. Elle a travaillé comme auxiliaire de vie avec des enfants et des personnes âgées. Elle parle anglais. Elle a 2 fils de 14 ans et 18 ans qui vivent avec leur père. Elle n'a plus de leurs nouvelles .. Elle a été en rupture avec sa famille et cela l'a fait chavirer. Son mari l'a coupé de ses enfants et ne veut plus qu'elle les voit .. Sa famille s'est liguée contre elle. Elle a quitté Lyon pour trouver un boulot à Paris mais n'a pas réussi.

Julie a 26 ans. Cela fait 1 an qu'elle est à la rue. A 16 ans, elle a été jetée à la porte par ses parents .. Elle a eu une vie instable, elle faisait des petits boulots, elle a maintenu le lien avec sa famille jusque ses 25 ans malgré tout puis ce fut la chute ..C'est suite à une histoire d'amour avec un drogué qui l'a embarqué à Paris qu'elle est tombée dans la drogue. Elle fume des pipes de crack et consomme de l'héroïne. Avant, elle était vendeuse en magasin et dans les marchés.  

Sophie a 39 ans. Cela fait 1 an qu'elle est à la rue. Elle était mariée et a 2 enfants. Elle a été maltraitée par son mari qui buvait et la frappait. Son fils est placé dans un foyer depuis sa naissance, elle n'a aucun lien avec lui .. Sa fille a 5 ans et demi et est élevée par la mère de son ex-compagnon violent et qui rend visite à sa mère ..Elle n'est pas inquiète de cela car il y a une surveillance par la juge et une association qui s'occupe des enfants maltraités .. 

Anna a 32 ans. Elle est enceinte de 7 mois et a déja 5 enfants .. Un enfant vit au Sénégal, un autre est en foyer, les deux plus grands qui ont 13 et 15 ans sont chez sa mère. Chaque enfant est né d'un père différent. C'est sa propre mère qui l'a mis à la porte et l'a involontairement mis dans la drogue et la prostitution. Elle a refusé d'héberger sa fille mais élève ses petites filles .. Depuis un an, elle vit au Palais de la Femme qui est le centre d'hébergement d'urgence géré par l'Armée du Salut. 

Elina a 40 ans. Depuis l'enfance, elle vit dans la misère. Elle a été placée à la DASS, pupille de l'Etat, et mise à la rue le jour de ses 18 ans, les services sociaux ne voulaient plus d'elle ... Elle n'a pas de vie amoureuse parce qu'elle a vécu des agressions sexuelles et a dû se prostituer .. et elle n'a pas d'enfant car elle n'en voulait pas .. Aujourd'hui, elle vit de petits cachets de comédienne et quelques missions comme intervenante auprès de femmes ou d'enfants en situation difficile. Elle a un deux pieces dans le 20ème. 

Quant à la personne qui a écrit le livre, voici ce qu'il en est : 

Ce qui me dérange 'chez elle', c'est lorsqu'elle dit ceci : 'je ne peux m'empêcher de faire ces parallèles entre ma vie et celle de ces femmes sdf'   

Comment peut-elle comparer ce qui n'est pas comparable ??..  elle n'a manqué de rien, d'aucun repère familiaux de ce qu'elle écrit, elle a l'amour d'un mari, d'enfants, d'une famille, de ses proches. Au contraire de ses femmes coupées de tout ....  

Elle s'est immergée 5 mois, c'est peu pour se sentir proches de ces femmes car ensuite elle retrouve sa vie 'normale' ...d'ailleurs, je trouve ça assez choquant et perturbant qu'elle pousse dans ses retranchements comme elle l'écrit elle-même ces femmes avec des questions brutales comme : 'tu n'as pas eu un déclic, envie d'arrêter toutes ces conneries ?' pour moi, ce sont des questions rationnelles de journaliste qui a eu tous ses repères .. comment peut-elle réagir comme quelqu'un qui en a manqué ?.. d'ailleurs, elle essaiera 'de sortir' Julie et n'y arrivera pas .. dirais-je même que la réaction de Julie est 'logique' car lorsqu'on essaye à tout prix de sortir quelqu'un d'un vécu 'qui colle à la peau' et qu'elle connait tellement bien, cela fait l'effet contraire ...

A vous de vous faire votre propre opinion en lisant ce livre-témoignage ..